Phrases toutes faites
On en est tous
coupables. On les utilise à toutes les sauces. Notre inconfort face aux
situations difficiles ou délicates nous poussent à utiliser des clichés tous
prêts. Une connaissance perd un membre de sa famille, on offre nos sympathies,
tout en soulignant que le défunt est maintenant dans un « monde
meilleur ». Un ami est victime d’un accident de la route mais s’en sort
sans blessure, on lui dit « qu’au moins, seule la ferraille a été
endommagée ».
Aux gens victimes de
sinistres de tous genres; inondation, incendie, accident, qui ont la
« chance » de ne perdre que des biens matériels, on affirme que ce ne
sont « que des choses » et de se compter chanceux que personne ne
soit blessé. Et avec raison.
Ceci dit, bien que je sois
d’accord sur le fond, et que j’aie été coupable d’utilisation de ce genre de
phrase toute faite, il serait peut-être temps que l’on commence à s’arrêter au
fait que ces « choses » revêtent parfois (souvent) une valeur
sentimentale aux yeux de ceux qui les perdent. Si aucune valeur monétaire ne
peut être associée à un bien, qu’en est-il des souvenirs qui y sont rattachés?
Je viens de subir (oui
subir) un incendie de cuisine. Pendant que
mes enfants et moi passions une fin
de semaine de rêve en famille en compagnie d’oncle, tante, cousin et
grands-parents, mon grille-pain a décidé de faire des siennes et s’est embrasé, emportant avec lui la hotte au-dessus de la cuisinière, le dessus de cette
dernière, le dosseret de mosaïque. Et que dire de la suie noire qui couvre
chaque surface plane de ma maison?
Oui, je n’ai perdu que
des biens matériels. Mes enfants sont en pleine santé. Je le suis également.
Même notre chat a réussi à se protéger des flammes. Mais à certains objets
étaient rattachés des souvenirs ou des rêves. Quelle valeur peut-on donner à de
telles choses? On me demande de mettre une valeur monétaire à côté des items
devant « passer aux pertes ». Facile dans le cas de contenants de
type Tupperware ou d’aliments devant être jetés. Mais quand on arrive aux
peluches de mon enfance, aux jouets de bébé de mes enfants ou même à certains
souvenirs de concerts, quelle valeur puis-je leur donner?
Et si on pense ensuite
aux répercussions psychologiques d’événements de ce genre, ça vaut combien? Les séquelles
seront-elles nombreuses ou pas? Arriverai-je à nouveau à quitter ma maison sans
peur de la voir partir en fumée? Est-ce que mes enfants seront traumatisés?
Autant de question qui demeureront sans réponses tant que nous n’aurons pas pu
réintégrer notre demeure.
Je vous demande donc,
avant d’offrir à quelqu’un une formule tout prête, de vous imaginer dans cette
situation. Je parie que vos mots ne seront pas les mêmes.
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